Le 21 février 2012, paraissait le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), avec pour thème les possibles interactions entre l’évolution de la fertilité humaine et l’exposition à des facteurs environnementaux. De fait, au cours des 50 dernières années, on a constaté, notamment dans les pays industrialisés, une baisse globale de la qualité du sperme humain, ainsi qu’une augmentation des pathologies de l’appareil reproducteur masculin. Depuis 20 ans, se dessine parallèlement une recrudescence du cancer du testicule. Selon l’InVS, on recense 1 500 nouveaux cas de ce type de cancer chaque année, ce qui en fait un « véritable problème de santé publique » au regard des conséquences pour la fertilité ultérieure des sujets touchés.
Les causes de cette évolution restent difficiles à déterminer, eu égard aux divers paramètres à prendre en compte (mode de vie, bagage génétique, etc.). Pourtant, si son impact réel sur la fertilité humaine demande à être évalué précisément, la responsabilité des facteurs environnementaux, dont les substances aux effets perturbateur endocrinien (PE), est désormais reconnue. « Etrangères à l’organisme », ces substances déséquilibrent le système endocrinien, qui régit le fonctionnement des glandes chargées de la diffusion des hormones. De nombreux PE ont ainsi déjà été mis en cause, à l’instar du Bisphénol A prochainement interdit dans les contenants alimentaires.
Sur la base de ce nouvel état des lieux, l’association Générations Futures appelle le gouvernement français à faire prévaloir le principe de précaution, en interdisant notamment l’usage des pesticides ayant des effets PE. Elle appuie son argumentaire sur une méta-analyse, cumulant 91 études publiées depuis 2000, attestant d’un lien de causalité entre allongement du délai pour concevoir et exposition à certains pesticides (de type pyréthrinoïdes, carbamates et organophosphorés). Elle rappelle que, sur 12 études étudiant l’exposition aux pesticides, 10 établissent un lien direct avec une anomalie du sperme. Or, ce constat n’a rien de réjouissant alors qu’une précédente publication de l’InVS, parue en mars 2011, mettait en évidence une forte imprégnation aux pesticides du sang de la population française.
Source : Univers nature, fév. 12