Les premiers résultats de l’étude « Epilobee », qui consistait à mesurer la mortalité des abeilles domestiques (Apis mellifera) dans 17 pays européens, ont été rendus publics lundi 7 avril à Bruxelles. Ses résultats sont inquiétants à double titre, selon le rapport du « Monde ».
Financée par Bruxelles à hauteur de plus de 3 millions d’euros, l’étude a été pilotée par l’Agence de sécurité sanitaire française (Anses). Elle a mobilisé plus de 1 300 inspecteurs qui ont visité à trois reprises, entre l’automne 2012 et l’été 2013, près de 3 300 ruchers totalisant quelque 32 000 colonies d’abeilles. Les premiers résultats confirment le déclin des abeilles, phénomène observé depuis le début des années 1990. Ils montrent que les pays du nord de l’Europe sont frappés par des mortalités très supérieures à celles qui touchent le pourtour méditerranéen. En cumulant les mortalités hivernales et estivales, la Belgique apparaît comme le territoire le plus touché, avec un taux de mortalité de 42,5%, suivie de près par le Royaume-Uni (38,5%), la Suède (31,1%), la Finlande (29,8%) et la France (27,7%). A l’inverse, le problème semble moins inquiétant qu’attendu dans plusieurs pays du Sud comme la Grèce (9,1%), l’Italie (7,6%) ou l’Espagne (16,3%).
Dans ce tableau disparate, la France apparaît comme le pays où la mortalité est, de loin, la plus élevée au cours de la saison apicole : 13,6%, contre moins de 10% dans tous les autres pays étudiés. La production de miel y a chuté de moitié depuis les années 1990.
Mais l’étude est aussi inquiétante par ce qu’elle ne dit pas. Le protocole choisi visait en effet à restreindre la recherche des causes des mortalités observées aux uniques pathogènes naturels : seules les grandes maladies d’Apis mellifera ont été recherchées dans les ruchers visités. Dans le rapport d’une trentaine de pages, la moindre allusion aux pesticides ou aux modes d’agriculture est donc soigneusement évitée. Une absence dénoncée par plusieurs chercheurs.
Sources : lemonde.fr, Bio-Marché.Info,
15 avril 2014