Trois médecins vétérinaires, des habitués des troupeaux laitiers biologiques, ont réitéré leurs doutes majeurs sur l'efficacité de méthodes alternatives de traitement de certaines maladies chez les bovins laitiers, lors de la Journée Inpacq 2012, le 13 janvier dernier, à Victoriaville. Ainsi, le Dr David Francoz, de la Faculté de médecine vétérinaire, a affirmé que « les traitements homéopathiques et probiotiques ne peuvent être recommandés actuellement pour la mammite clinique, faute de preuves scientifiques. L'usage de plantes et d'huiles essentielles dans la glande mammaire risque par ailleurs d'y introduire des agents pathogènes et d'altérer le goût du lait ». Le Dr Francoz a mis son auditoire en garde contre une apparence d'efficacité de certaines pratiques alternatives. « Il faut savoir que 64 % des mammites cliniques guérissent sans aucun traitement », a-t-il dit, ajoutant par ailleurs que « la traite fréquente est la pratique ayant l'efficacité la plus basse ». Le Dr Dominique Gallant, a pour sa part précisé qu'il n'y avait aucun traitement alternatif reconnu pour la septicémie (intoxication du sang). Il a avancé que les potions maison ne peuvent remplacer les produits sur le marché, comme le Calf-Lyte, pour ramener à un taux normal les électrolytes perdus à cause de la diarrhée chez les veaux en bas âge. Selon ce dernier, il faut agir avec précaution avec le charbon activé et I’argile, qui ont de bonnes propriétés absorbantes de bactéries et de virus, mais qui absorbent aussi les électrolytes. Le Dr Guillaume Bergeron a maintenu la ligne à l'égard des traitements alternatifs. « Il n'y a pas de données qui prouvent l'efficacité des approches alternatives pour traiter la métrite aiguë et la rétention placentaire. » La même conclusion vaut pour le traitement de l'acétonémie. Bref, « je ne peux recommander les traitements homéopathiques dans ces cas, et l'utilisation des plantes et des huiles essentielles doivent être mieux documentées », a-t-il signalé. Les éleveurs dans la salle ont reçu ces avis avec une certaine dose de scepticisme. À leurs yeux, il y a des pratiques alternatives qui fonctionnent. Certains ont réclamé qu'on réalise des études indépendantes sur les méthodes alternatives de traitement, trop facilement discréditées à leur goût par l'argument « non prouvé, scientifiquement ».
Source : Terre de chez nous, 7 mars 2012