La revue Food and Chemical Toxicology va publier les résultats d’une étude menée par une équipe de chercheurs, dont Agnès E. Ricroch de l’Institut AgroParisTech.
S’intéressant aux travaux d’analyses toxicologiques de maïs, pomme de terre, soja, riz et triticale GM, les chercheurs ont étudié 24 articles scientifiques dont 12 portaient sur des études des effets à long terme (plus de 90 jours) et 12 consistaient en une analyse multigénérationnelle. Ces 24 études ont été sélectionnées par le biais d’une base de données contenant 32 000 références bibliographiques, mise en place par Agnès E. Ricroch notamment. La conclusion des chercheurs est que les OGM ne posent pas de problème sur le plan sanitaire. Mais, pour Marc Lavielle, membre du comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), et interrogé par Gilles Van Kote du journal Le Monde, cette étude est « biaisée » et extrêmement orientée. L’expert français, chercheur en statistiques à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), analyse la valeur scientifique de cette étude en précisant au journaliste que « ce qui est terriblement gênant, c’est qu’elle conclut à l’absence de différence (entre animaux ayant consommé des OGM et animaux n’en ayant pas consommé) sur la base d’une méthodologie ne correspondant pas aux lignes directrices publiées aussi bien par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) que par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) », soulignant même un cas de partialité des chercheurs puisqu’ « ils tiennent compte sans la critiquer d’une étude portant sur des groupes de trois animaux, un échantillon bien trop faible pour permettre de conclure quoi que ce soit ».
Selon le communiqué, une méta-analyse ne saurait se contenter de compiler des publications existantes. Il faut aussi en dégager les méthodologies et en présenter une analyse critique, comme l’avait fait l’ANSES dans son rapport sur l’évaluation du MON810. Enfin, même si des études méthodologiquement correctes existaient, et qu’elles excluent une différence entre les groupes, cela ne justifierait pas de déclarer le produit étudié « sans risque sanitaire », qui est une conclusion non scientifique puisqu’elle dépasse largement la portée des données. Les impacts sur la santé ne sauraient être confinés aux seules évaluations d’impacts de toxicologie. Il y a également les questions d’allergénicité et, au-delà du sanitaire, des questions environnementales et économiques.
Source : Inf’OGM, déc. 11