Les néonicotinoïdes, insecticides suspectés d’être un élément déterminant dans le déclin récent des abeilles domestiques, des insectes pollinisateurs et des oiseaux, ont fait l'objet d'un rapport publié début avril, par les académies des sciences européennes. La revue Nature a publié deux nouvelles études qui assombrissent encore le bilan de ces pesticides introduits sur le marché au milieu des années 1990, explique un article du Monde.
La première expérience réalisée par l'Université de Newcastle, au Royaume-Uni, a consisté à tester la capacité des abeilles domestiques (Apis mellifera) et des bourdons (Bombus terrestris) à éviter spontanément les plantes traitées aux néonicotinoïdes. Bilan : Non seulement ces insectes ne sont pas repoussés par ces substances insecticides, mais ils semblent les préférer. Ces derniers semblent agir sur leur cerveau comme la nicotine.
Les insectes sont donc paradoxalement attirés par des substances qui les tuent. Des recherches précédentes ont démontré que les abeilles exposées aux néonicotinoïdes avaient du mal à reconnaître les caractéristiques des fleurs, à s'orienter, à butiner, ce qui conduisait à la disparition de colonies entières.
La seconde étude, également publiée par Nature, et conduite par des chercheurs de l'Université de Lund, en Suède, a observé que l’abondance de bourdons et d’abeilles solitaires est réduite de moitié dans les champs ayant reçu un traitement systémique à base de clothianidine par rapport aux champs témoins, exempts du néonicotinoïde.
De plus, les colonies de bourdons se reproduisent beaucoup moins dans les champs traités. Et les abeilles solitaires nées à proximité de ces derniers ne reviennent jamais y nicher, contrairement à celles originaires des champs témoins.
Ces nouveaux travaux sont publiés alors que la Commission européenne doit réexaminer, fin 2015, le moratoire mis en place en décembre 2013 sur certains usages de trois néonicotinoïdes. Un amendement sur la loi concernant la biodiversité en France interdit totalement l'utilisation de ces substances à partir de janvier 2016. Ce texte a été adopté en première lecture.
Pour acheter les articles :
http://www.nature.com/nature/journal/v521/n7550/full/nature14414.html
http://www.nature.com/nature/journal/v521/n7550/full/nature14420.html