Le quinoa, la " graine des Incas " cultivée depuis des millénaires sur les hauts plateaux des Andes, tente une percée dans le Val de Loire, où une poignée d'agriculteurs parient sur cette plante dotée de nombreuses vertus nutritionnelles.
La surface de quinoa cultivée dans une zone allant de l'Anjou au sud de la Sarthe et jusqu'au Poitou a doublé entre 2009 et 2010, passant de 100 à 200 hectares pour 216 tonnes récoltées en 2010. " On espère bien atteindre les 300 hectares en 2011 ", assure Patrick Bremaud, le directeur de la Coopérative agricole des Pays de la Loire (Capl), porteuse de ce projet de création d'une première filière quinoa en France.
Riche en fibres, en protéines et en minéraux, le quinoa ne contient pas de gluten et, tout comme la viande, a l'avantage de réunir l'ensemble des acides aminés essentiels que le corps humain ne peut fabriquer.
Le marché du quinoa, aujourd'hui massivement importé de Bolivie via des circuits de commerce équitable et sous label bio, est encore modeste : de 6 à 7 000 tonnes sont consommées chaque année en Europe, dont la moitié en France, selon des chiffres communiqués par Patrick Brémaud. Mais il est convaincu qu'il existe un créneau pour le quinoa français, qui pourrait " sécuriser l'approvisionnement des acheteurs " susceptibles d'être " confrontés à des ruptures de stock ". Modestes, les premières récoltes du quinoa du Val de Loire sont pourtant le fruit d'un " travail de 20 ans ", réalisé notamment à l'université Wageningen des Pays-Bas et au Danemark, pour mettre au point des variétés adaptées à la culture en Europe, témoigne Jason Abbott. Deux laboratoires de l'Ecole supérieure d'agriculture d'Angers (Esa), partenaires du projet, travaillent également à l'amélioration de la culture. L'utilisation de produits phytosanitaires n'est pas autorisée actuellement pour cette culture.
Si la douceur du climat du Val de Loire convient, a priori, à cette plante exigeante, " on a encore beaucoup de choses à mettre au point ", reconnaît Jason Abbott, partenaire de la Capl, en énumérant " la date et la densité des semis ", " la lutte contre les ravageurs et les maladies ", punaises et chenilles ayant ravagé la première récolte. " Même en troisième année, on est encore en test ", renchérit Patrick Brémaud.
Source : Agrisalon.com, 16/06/11