La 7ème édition des rencontres nationales des interprofessions biologiques régionales a eu lieu à Rennes, les 25 et 26 juin 2024. Ces organisations, au nombre de sept actuellement (Bretagne, Pays de la Loire, Centre, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie), ont pour mission d’accompagner les filières bio sur leur territoire (de l’amont à l’aval) et d’assurer des actions de communication auprès du grand public.

Selon les chiffres de la bio 2023, présentés en juin par l’Agence BIO, le nombre de fermes augmente de 2%, mais les conversions continuent à diminuer (en recul de 30%). Quant aux déconversions, elles restent plutôt stables (la moitié sont des décertifications, un tiers des départs à la retraite et le reste est constitué de liquidations et de changements administratifs). La part des fermes bio, en France, est de 14.4% et la part des surfaces bio de 10.4%. Ces dernières sont néanmoins en recul, principalement en grandes cultures et en surfaces et cultures fourragères. Le nombre d’éleveurs bio se rétracte, principalement dans la filière porcine. A l’inverse, les vignes et les PPAM progressent. Pour les circuits de distribution, la GMS perd des parts de marché, en faveur des autres circuits, dont la vente directe, pour laquelle les débouchés représentent 14% des ventes. Jean Verdier, Président de l’Agence BIO au titre du Synabio, estime que le marché bio affiche des signes positifs. Concernant la restauration hors domicile, il souhaite que les cuisiniers, en poste et en formation, soient plus sensibilisés à la bio. Il regrette que les systèmes bio ne soient pas suffisamment rémunérés pour leurs impacts positifs sur l’environnement et espère que la mobilisation de différents acteurs (élus, Chambres de commerce…) et la campagne de communication en cours permettront d’améliorer les ventes de produits bio.

La zeuzère, Zeuzera pyrina, est un insecte ravageur problématique pour les vergers de poiriers et de pommiers. Nadia Tounsi, conseillère à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, explique que ce ravageur migre vers le nord avec le changement climatique, notamment en Pays de la Loire et maintenant en Normandie. Le ravageur est particulièrement dangereux sur les arbres de moins de 4 ans et sur les hautes tiges. Le papillon peut vivre jusqu’à 14 jours, en général entre mi-juin et mi-août. La femelle pond plusieurs centaines d’œufs, une seule fois par an, dans le tronc des arbres. Après éclosion et une phase de cocon, les larves peuvent stopper leur développement et survivre jusqu’à deux ans si les conditions sont fraîches. Ensuite, les larves entrent en phase mineuse : elles consomment, en premier, l’intérieur des jeunes tiges, qui se fanent et peuvent finir par casser. Les larves attaquent, dans un second temps, la sève élaborée, dans les troncs et les branches. Pour détecter la zeuzère, on peut utiliser des pièges à phéromones, disposés, dès début mai, à proximité du verger (pas dans le verger, pour éviter d’y attirer des zeuzères supplémentaires). Les dégâts des zeuzères sont mesurés en septembre-octobre, en observant le dessèchement des branches sur un échantillon de 50 arbres minimum, le seuil de nuisibilité étant de 5% des arbres attaqués. La confusion sexuelle est possible avec le Ginko Z, de Sumi Agro. Le seul traitement possible reste le Bacillus thuringiensis, qui donne de bons résultats, et qui doit être appliqué sur les arbres 10 à 30 jours après les premières prises de zeuzères papillons, au moment du développement des larves.

En mars 2024, paraissait la synthèse de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire sur les données économiques d’exploitations de six filières biologiques, pour l’exercice 2022. Les données de 666 fermes bio (soit 15 % des exploitations bio de la région), ayant toutes fini leur conversion, ont été analysées. Globalement, ces fermes présentent de bons résultats en 2022, malgré le choc inflationniste lié à la guerre en Ukraine. Toutes productions confondues, l’EBE moyen progresse de 4500 euros par unité de travail pour les chefs d’exploitation à temps plein. Cependant, il existe des différences entre filières : les progressions sont les plus importantes en bovins lait, bovins viande et grandes cultures. A contrario, les élevages de poules pondeuses sont en difficulté, avec un EBE en baisse pour la 4ème année consécutive pour cause de covid, d’inflation et de grippe aviaire. La situation se dégrade également en maraîchage, en lien aussi avec les aléas climatiques et la hausse du coût de la main d’œuvre. Les producteurs en vente directe ont un EBE/produit supérieur de 2 % par rapport aux autres, du fait des investissements moins élevés, mais ces revenus sont anormalement bas comparés au travail fourni. Après des résultats exceptionnellement hauts en 2021, l’EBE en viticulture a chuté en 2022, en lien avec des charges opérationnelles et de structure en augmentation. Cette analyse des revenus bio est un outil qui permet de se situer et de faire évoluer les systèmes, mais elle cache d’énormes disparités.

Le Forum international de la robotique agricole (Fira) 2024, organisé près de Toulouse, a regroupé 70 exposants. En France, la viticulture est le premier secteur utilisateur de robots, suivie du maraîchage. Le groupe Agrointelli a présenté le robot Robotti, un porte-outil polyvalent avec une capacité de relevage de 1,2 tonne ; doté d’un moteur thermique et d’un réservoir de 300 L, il consomme 3 à 6 L/h, pour un travail estimé à 1,5 ha/h ; son prix est d’environ 190 000 €. Eric Encausse, agriculteur et membre de la Cuma de Rozes, explique avoir testé le robot Robotti pour le semis de carottes porte-graines. Il a apprécié la qualité du semis réalisé, mais il s’interroge sur le gain réel de temps de travail : le robot demande du temps pour être déplacé, déchargé, voire redémarré en cas d’obstacle, et a nécessité un temps de paramétrage important, notamment sur ses parcelles en pente. La société Odd.Bot a développé Weader, un module de désherbage adapté aux carottes (et prochainement à l’oignon). Fixé sur un robot porteur, ce module repère les adventices dans un rang de carottes (au plus tard au stade 4-5 feuilles) et arrache les adventices et leurs racines, grâce à un système de bras et de pince. 20 ha peuvent être désherbés en 2-3 semaines. Le module coûte 93 000 €. Robot One V2023 est un robot développé par Pixelfarming Robotics. Il détecte les adventices et les détruit, soit par laser, soit par outil mécanique. Il peut travailler 1 ha/h, avec 3 h d’autonomie. Weedbot et Kult ont développé un outil de désherbage de la carotte avec un laser bleu, le Kult Ai Laser, très peu énergivore. Cet outil, monté sur châssis, s’attelle à un tracteur et fonctionne à 1 km/h. Le prix de l’outil est de 250 000 € pour une monoplanche.