Techniquement, le stock sur pied d’une prairie est la quantité de matière sèche disponible sur une surface donnée, calculée ainsi : (hauteur d’entrée – hauteur de sortie)*densité de l’herbe moyenne*surface du paddock. Plus couramment, « faire des stocks sur pied » signifie reporter un excédent d’herbe de printemps sur la période estivale, au lieu de le faucher. L’intérêt est économique (pas de frais de fauchage ni de stockage) et agronomique (apport de matière organique par les ruminants au pâturage, meilleure adaptation à la sècheresse en été, montée en graines des légumineuses qui se ressèment, etc.). En revanche, l’herbe plus âgée présente une valeur alimentaire équivalente à du foin, donc plutôt adaptée à des animaux avec de moindres besoins. Michel Hamon, en bovins lait bio dans les Côtes d’Armor, élève 49 vaches laitières, sur 67 ha en herbe. En mai, il laisse certaines parcelles ni pâturées, ni fauchées, afin de les utiliser en juin ou juillet. En été, le temps long de retour sur prairie (80 jours en août) permet ensuite de faire pâturer les vaches tout l’automne. Guillaume Menguy, éleveur bio de 45 vaches laitières sur 65 ha d’herbe (Côtes d’Armor), possède peu de parcelles accessibles au pâturage. Il effectue deux fauches par prairie, et laisse ensuite les génisses pâturer à partir du mois de septembre. David Trégarth est éleveur bio, en bovins viande et ovins, en Ille-et-Vilaine, en plein air intégral. Il n’effectue aucun affouragement en été, grâce à son stock sur pied.

Le Moulin du Poher est un fabriquant d’aliments pour animaux, spécialisé en bio et affilié à Provimi France du groupe Cargill. Le site est basé à Motreff, dans le Finistère. L’entreprise commercialise environ 50 000 t d'aliments par an, pour 80% à destination de l'aviculture. L’usine et ses 16 salariés produisent principalement de la farine (84 % des tonnages totaux), mais également des miettes et des granulés. La fabrication du produit est réalisée à la demande du client. Un plan de contrôle est mis en place pour garantir la qualité des produits. Des analyses sont menées en interne et en externe. Les ingrédients principaux des produits sont des céréales, en général françaises, et des tourteaux, principalement issus d’importation. Les aliments sont complétés par des huiles pour l’appétence et par de l’acide pour une meilleure conservation et une bonne digestibilité du produit. Plusieurs investissements ont été menés au Moulin du Poher, entre 2022 et 2023, pour améliorer la sécurité des salariés, mais aussi pour développer de nouveaux produits : le tourteau de colza est maintenant incorporé, principalement dans l’alimentation des porcs.

Maët Le Lan est responsable de la station expérimentale en maraîchage d'Auray, à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Elle explique que les maraîchers sont concernés par 7 facteurs de risque, sur les 10 définis par le code du travail, et que 9 maraîchers sur 10 sont touchés par des TMS (Troubles musculo-squelettiques). Le projet Assistant (2023-2026) vise à diminuer la pénibilité du travail en maraîchage, en analysant plusieurs outils, la charge mentale, le coût de la pénibilité, etc. et à travers plusieurs cultures ciblées : oignons, haricots, courgettes, carottes et fraises. Sept outils sont à l’étude : robot, enjambeur, exosquelette, etc. Les intérêts de ces outils sont mesurés par l’intermédiaire de capteurs disposés sur une combinaison portée par des maraîchers et des maraîchères, ainsi que par des retours d’expérience. Les résultats seront publiés sous forme de vidéos et de fiches. En plus des outils techniques, le coût de la pénibilité, avec la MSA, ou encore l’ergonomie de l’aménagement des bâtiments sont en cours d’étude. Elatec propose une nouvelle brouette avec batterie au lithium, pour un prix de 1 950 € ; elle dispose d’une charge utile de 80 kg, à une vitesse de 0 à 4 km/h, avec une journée d’autonomie. Le robot Trektor a été testé par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, dans le cadre du projet Trektor Expe’ ; ce robot hybride consomme 30% de moins de carburant qu’un tracteur thermique et peut effectuer des tâches en semi-autonomie (sous la surveillance d’un humain).

Sophie et Félix Esvan élèvent des ovins viande, en bio, en Ille-et-Vilaine. La ferme comprend 450 brebis allaitantes en race croisée. Les animaux pâturent de mars à décembre dans 200 ha de prés salés (appelés herbus), loués au conservatoire du littoral. Située dans une zone touristique (Mont Saint-Michel à proximité), la ferme comprend également deux gîtes. Sophie s’est installée en 2018, à la suite d’un stage de parrainage de 6 mois. Elle a choisi cette ferme pour, entre autres, son faible investissement (100 000 €), la démarche qualité en place (AOP Agneaux des prés-salés du Mont Saint-Michel) et le regroupement du parcellaire. Grâce au réseau du Cedapa, elle a tout de suite eu confiance dans son système herbager et a pu compter sur le soutien d’éleveurs voisins.

Située dans le Lot-et-Garonne, Comin Industrie est une PME spécialisée dans la réparation, la conception et la vente de matériel agricole. Elle est gérée par Denis Vicentini et emploie 18 salariés. L’entreprise propose du matériel adapté à l’agriculture de conservation (ABC) : Rolls et Orbis. Rolls est composé d’un châssis avec des roues flottantes, pour un poids unitaire de 500 à 600 kg par mètre linéaire, qui plaquent la végétation au sol sans la trancher, pour former un paillage. Rolls est adapté aux vignes, aux vergers et aux grandes cultures, avec une largeur de travail pouvant atteindre 4.6 m, pour un prix catalogue de 18 000 €. Orbis est composé de disques de 300 mm, inclinés et orientés en opposition sur deux rangées. Le passage de cet outil, d’une largeur de 0.5 m (pour la vigne) à 6.6 m repliable (pour les grandes cultures), lacère le couvert et entraîne son blanchiment et son dessèchement, sans bourrage, et ce jusqu’à 6 tonnes de matière sèche par hectare. Orbis peut également être utilisé pour biner ou butter les cultures. Denis Albenge, polyculteur-éleveur bio dans le Tarn, travaille en ABC depuis 2015. Il utilise Orbis sur maïs et soja : pour finir de coucher le couvert après une étape de scalpage, une deuxième fois juste après le semis et, enfin, plusieurs fois en inter-rangs à la place du binage. Thierry Cavaillé est agriculteur bio sur 220 ha, dans le Lot-et-Garonne. Il utilise également un Orbis dans son itinéraire de grandes cultures, pour détruire ses couverts végétaux et les pailles de tournesol. Il conseille une vitesse de travail élevée (18 à 20 km/h) pour optimiser l’effet de lacération des végétaux. Florent Ruyet, conseiller à la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, suit l’utilisation d’Orbis par plusieurs céréaliers bio du département, afin d’analyser son efficacité.