Françoise et Julien Pichouron sont éleveurs, de bovins lait bio, dans les Côtes d’Armor. Après leur installation en 2014, la ferme a été, au départ, gérée de manière conventionnelle et productive, avec 34 ha de maïs,13 ha de céréales et 66 ha d’herbe pour 100 vaches. En 2018, des problèmes de santé ont motivé les deux éleveurs à changer pour adopter un système tout herbe et bio. Cette transition a été facilitée par l’accompagnement du Cedapa. Pour finir, la ferme laitière est passée en monotraite en 2022. Aujourd’hui, Françoise et Julien sont toujours actifs au sein du groupe d’échange Ecophyto Trégor 3 du Cedapa.

François-Michel Bernard, de l’IFV, explique que la bactérie Xyllela fastidiosa est un pathogène virulent de la vigne, qui provoque, aujourd’hui, des ravages dans les vignobles de Californie. La bactérie est déjà présente en Europe, mais pas encore dans les vignobles. Elle fait l’objet d’une quarantaine de niveau prioritaire, à l'échelle européenne. François-Michel Bernard conseille d’exiger des plants traités à l’eau chaude et, en cas de symptôme bizarre, de contacter rapidement la Fredon locale. Autre ravageur, le scarabée japonais, Popilla japonica, perfore les feuilles en juillet, fragilisant en particulier les vignes peu feuillues. Il est déjà présent en Suisse et en Italie et pourrait rapidement s’installer dans les vignobles transalpins. Caroline Le Roux, autrice de La petite faune des vignobles, présente deux pistes de lutte contre ce scarabée : des lâchers de parasitoïdes et une technique push-pull, avec des plantes pièges. L’aleurode épineux, Aleurocanthus spiniferus, est un insecte piqueur ravageur des agrumes, déjà observé dans le sud de la France, qui pourrait potentiellement s’installer dans les vignes.

Le label Lait de foin est un label STG (Spécialité Traditionnelle Garantie), c’est-à-dire un label de qualité qui garantit l’usage d’une méthode de production spécifique, mais sans lien géographique. Ce label est reconnu par l’INAO et est défendu par l’association « Lait de foin ». Concrètement, ce label garantit qu’aucun aliment fermenté (notamment de l'ensilage) n’a été utilisé pour la production du lait : le fourrage est essentiellement composé d’herbe fraîche et de foin (au moins 75% de la ration annuelle). Supprimer les fourrages fermentés permet de produire un lait moins acide, plus riche en oméga 3 et plus facile à transformer en fromages. Pierre Queniat, éleveur bovin lait bio au Gaec de Kerdennet, dans le Finistère, est labellisé STG "Lait de Foin". Son système à l’herbe est performant, notamment grâce à l’installation d’un séchoir en grange.

Les couverts végétaux permettent de limiter l’érosion, d’améliorer la fertilité des sols et la nutrition des cultures, etc. Certains agriculteurs cherchent à optimiser leurs couverts en travaillant en collectif. Mickaël Geloen, ingénieur Développement chez Terres Inovia, rappelle les intérêts des couverts pour structurer et nourrir le sol et pour étouffer certaines adventices (avec un taux de couverture minimum de 85% pour 3 tMS/ha) ; il précise que la destruction du couvert avant sa floraison permet de limiter l’immobilisation d’azote. Le GIEE Innov Bio 58, composé de 25 agriculteurs bio principalement situés dans la Nièvre, a confirmé l’intérêt du trèfle violet, implanté sous couvert de céréales au printemps. Le trèfle est semé à la volée (10 à 15 kg/ha) et permet une restitution azotée de 30 à 40 unités (méthode Merci). Le trèfle s'est montré particulièrement efficace avant une culture de pois chiche, dans un contexte où la nodosité fixatrice d’azote du pois chiche n’existe pas dans les sols de Bourgogne. Un couvert multi-espèces a été développé par le GIEE Innov Bio 58 et le GIEE Magellan : le mélange « Magellan Innov Bio ». Le programme « Couverts et compagnie », piloté par la Maison de la Bio de Charente (MAB 16), regroupe 12 agriculteurs bio (maraîchers et céréaliers) qui mettent en place des expérimentations sur les couverts végétaux, d’hiver (mélanges avec crucifères, légumineuses, et/ou graminées) ou de printemps (trèfle violet), avec une compensation de 2000 €/an financée par la Région. Le groupe Dephy ABC Gers, composé de 13 fermes céréalières bio, travaille sur la fertilité des sols dans des systèmes à bas intrants, notamment grâce aux couverts végétaux d’hiver ; deux mélanges sont particulièrement plébiscités : féverole/phacélie et moutarde/phacélie/vesce d’hiver. Au niveau du matériel agricole, Claire Georges, animatrice grandes cultures à Bio du Gers, met en avant l’efficacité d’un broyeur et/ou d’une fraise rotative pour la destruction des couverts. Deux membres du groupe d’échanges TCS Bio 85 (Vendée) témoignent de l’intérêt de la fraise rotative : Jean-François Ménard, du GAEC des Portes, et Cyril Routchenko, du GAEC l’Ouche du Puits. Le passage de la fraise est lent (2 ha/h), mais détruit le couvert en un seul passage, avec néanmoins un risque de lissage à prendre en compte.

Amaury, éleveur de bovins en bio dans les Côtes d’Armor, implante des prairies multi-espèces sur sa ferme, depuis plusieurs années. Elles représentent, aujourd’hui, 50% du total des prairies. Ces prairies multi-espèces sont à dominante dactyle-luzerne, complétées de fétuques, ray-grass anglais, trèfles, etc. Elles sont bien adaptées aux terres de la ferme (sols drainants et basiques) et aux aléas climatiques causés par le changement climatique, notamment aux éventuelles sécheresses estivales. Le pâturage est rythmé par la pousse de la luzerne : lorsqu’elle atteint une hauteur au genou, les vaches peuvent accéder à la parcelle, soit un temps de retour de 35-40 jours, voire de 30 jours en pleine pousse. La ferme participe au projet Fermadapt, un projet piloté par Idele, qui étudie les méthodes d’adaptation au changement climatique des fermes.